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Johann Sebastian Bach

L’intégrale de l’œuvre pour claviers

par Benjamin Alard

La parution du volume 7 de l’intégrale de l’œuvre pour claviers de Johann Sebastian Bach par Benjamin Alard nous donne l’occasion de faire le point sur cette belle aventure discographique en cours chez Harmonia Mundi.
Ce volume qui vient de sortir est consacré à l’Orgelbüchein (Petit Livre d’Orgue), enregistré sur l’orgue Blumenroeder du Temple du Foyer de l’Âme à Paris, avec, pour de nombreux chorals, la participation de l’Ensemble Vocal Bergamasque, encore dirigé par Marine Fribourg, et de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris. Les festivaliers de l’Académie Bach se souviennent sans doute des concerts matinaux proposés il y a quelques années autour de certains chorals, de leurs différentes versions, de la participation chorale et du public, comme cela se pratiquait du temps de Bach. En voici une superbe version !

Bach: Orgelbüchlein, “Nun komm der Heiden Heiland” BWV 599 | Benjamin Alard, Ensemble Bergamasque – YouTube

Le rythme de parution des coffrets est désormais de deux par an.

Cette intégrale en cours a plusieurs particularités : il s’agit de la première rassemblant uniquement les œuvres pour claviers et le pluriel trouve ici son importance puisque Benjamin Alard couvre les compositions pour clavecin, pour orgue et pour clavicorde. D’autre part, Benjamin a eu pour volonté d’utiliser des instruments adaptés à chaque période de création de l’œuvre de Bach. Enfin, nombre des coffrets déjà parus replacent le Cantor dans son époque, faisant entendre des pièces contemporaines ou dont Bach s’est inspiré pour ses propres compositions.

Rappelons le parcours !

Le volume 1, paru en mars 2018, s’intitulait « Le jeune héritier » et couvrait la période 1699 à 1705, soit les séjours à Ohrdruf, Lüneburg et Arnstadt. Cette courte vidéo illustre parfaitement le travail de recherche mené par Benjamin, le conduisant parfois à remettre en cause nos habitudes, comme le fait de jouer à l’orgue Silbermann de l’église Sainte-Aurélie de Strasbourg le Capriccio sur le départ de son frère bien-aimé BWV 992.

JS Bach, Capriccio BWV 992 #1 | Benjamin Alard – YouTube

Le volume 2, titré Vers le Nord, traite des années 1705 à 1710 et de l’influence qu’ont eue sur Bach les compositeurs de la partie septentrionale de l’Allemagne, découverts notamment au cours du fameux voyage à Lübeck lors de l’hiver 1705. La Toccata en ré majeur BWV 912a, souvent jouée au clavecin, est un parfait exemple de ce dont Bach put s’imprégner au cours de ce voyage. Elle est jouée sur l’orgue Freytag-Tricoteaux (2001), inspiré des facteurs baroques de l’Allemagne du Nord, notamment Arp Schnitger, et situé en l’église Saint-Vaast de Béthune.

Toccata in D Major, BWV 912a – YouTube

Le volume 3, « A la française », marqua un petit tournant. Bach est nommé à Weimar en 1708, cour très marquée par le style français et notamment par la danse. Mais, sous l’influence des Couperin (Louis et François) ou de Chambonnières, la danse perd son caractère chorégraphique pour mener vers des pièces de caractère. C’est cette inspiration qui marqua tant Bach. Raison pour laquelle Benjamin Alard voulut introduire dans ce volume des pièces de ses contemporains, dont cette La Couperin, extraite du XXIème ordre de François.

Quatrième Livre de pièces de clavecin, Ordre XXI: La Couperin – YouTube

Après la France, l’Italie ! Le volume 4, intitulé Concerti Italiani est essentiellement dédié au nombreuses transcriptions que Bach transféra de la musique orchestrale italienne aux claviers. Benjamin Alard redonne toutes leurs lettres de noblesse à ces pièces souvent délaissées car transcrites. En les écoutant, on se rend compte de la vertigineuse différence existant entre le génie de Bach et le très beau savoir-faire de ses contemporains transalpins.

Petit voyage vénitien avec Benjamin :

Bach: Complete Works for Keyboard, Vol.4 ‘Alla Veneziana’ | Benjamin Alard (presentation) – YouTube

Et démonstration avec le Largo du Concerto en ré mineur BWV 596.

Organ Concerto in D Minor, BWV 596: IV. Largo e spiccato – YouTube

Retour à la chronologie avec le volume 5 titré Toccatas et Fugues et qui couvre la période de Weimar de 1708 à 1717. La particularité de ce volume est faire la part belle au clavicorde, comme dans cette Toccata en sol majeur BWV 916, sur un instrument d’Émile Jobin d’après un Gera de 1773.

Toccata in G Major, BWV 916 – YouTube

Le volume 6 est intitulé Le Clavier bien tempéré, Livre 1 mais donne aussi à entendre le Clavier-Büchlein pour Wilhelm Friedemann, commencé en 1720, donc durant la période où Bach était au service du prince d’Anhalt-Cöthen.

Deux pièces pour illustrer ces deux volets du volume, toutes les deux jouées sur des instruments du musée instrumental de Provins : le Prélude en ut mineur BWV 934 interprété sur un clavicorde de Johann Adolf Hass de 1763, instrument acquis par le pionnier de la musique ancienne, Arnold Dolmetsch, qui fit construire d’autres instruments du même genre chez Gaveau et dans ses propres ateliers en Angleterre. On peut presque dire que cet instrument entendu ici est à l’origine de la redécouverte du clavicorde.

Et le célèbre premier Prélude et Fugue du Clavier bien tempéré, en ut majeur BWV 846, sur un clavecin de Hieronymus Albrecht Hass (1740), qui sert pour la couverture de ce volume 6. Cet instrument fit l’admiration de Wanda Landowska.

Præludium in C Minor, BWV 934 – YouTube

Præludium & Fuga in C Major, BWV 846 – YouTube (en bonus, le Prélude et Fugue en ut mineur)

Si nous devions dresser un premier bilan rapide de ces 7 premiers volumes, deux choses s’imposent : la construction du son et la maîtrise du son. C’est la marque des grands maîtres.

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