Gustav Leonhardt, une discographie
Par Philippe Houbert
Introduction
et propos liminaires
Chapitre I
Bach au clavecin (1953-1967)
Chapitre II
L’Orgue sans Bach (1954-1974)
Chapitre III
Le clavecin (et autres) sans Bach (1954-1980)
Chapitre IV
La direction d’ensembles (1954 – 1983)
Chapitre V
La musique d’orgue de Bach
Chapitre VI
Leonhardt continuiste et chambriste
Chapitre VII
Bach au clavecin (1970-1975)
Chapitre VIII
Gustav Leonhardt et le concerto
Chapitre IX
l’Orgue sans Bach (1976 – 2001)
Chapitre X
Le clavecin et autres claviers, sans Bach (1987-2005)
Chapitre XI
La direction d’ensembles (1984 – 2007)
Chapitre XI : La direction d’ensembles (1984 – 2007)
Le chapitre IV laissait Gustav Leonhardt aux deux tiers d’une des plus grandes entreprises discographiques jamais réalisées : l’enregistrement de l’intégrale des cantates sacrées de Johann Sebastian Bach, mené en parallèle avec Nikolaus Harnoncourt pour le label Teldec. Vision révolutionnaire à bien des égards, notamment par l’emploi de solistes et chœurs d’enfants constitués exclusivement de garçons pour les voix de soprano et alto.
C’est avec le volume 35 que nous le retrouvons en 1984. Deux cantates lui étaient allouées, les BWV 143 et 144. C’est cette dernière que j’ai choisie : Nimm, was dein ist, und gehe hin (Prends ce qui est tien, et va-t’en). Œuvre crée pour la Septuagésime, le 6 février 1724, donc durant le premier cycle composé par Bach à Leipzig. Nous retrouvons les complices habituels Paul Esswood dans la partie d’alto et Kurt Equiluz dans celle de ténor. Le jeune Ansgar Pfeiffer, soliste du Hannover Knabenchor, tient la partie de soprano. Ce chœur d’enfants, le Collegium Vocale de Gand et le Leonhardt-Consort complètent l’ensemble.
Bach – Cantate BWV 144 – Nimm, was dein ist, und gehe hin – YouTube
L’année 1985 voyait l’enregistrement du volume 36, comprenant trois cantates sous la direction de Gustav Leonhardt. Je vous propose la BWV 151, Süsser Trost, mein Jesus kommt (Douce consolation, mon Jésus arrive), composée pour le troisième jour de Noël, le 27 décembre 1725, donc en début du troisième cycle leipzigois. L’air d’alto est une magnifique variation sur une basse de huit mesures, dans le style d’une chaconne. Toujours présent, le trio Esswood/Equiluz (récemment décédé) /van Egmond, auquel se joignent Sebastian Hennig, le Hannover Knabenchor, le Collegium Vocale de Gand et le Leonhardt-Consort.
Bach – Cantate BWV 151 – Süßer Trost, mein Jesus kömmt – YouTube
Mais le grand enregistrement de 1985 fut celui de la Messe en si mineur BWV 232, pour le label DHM. Version de référence absolue. Les solistes en étaient Isabelle Poulenard, Guillemette Laurens, René Jacobs, John Elwes, Max van Egmond et Harry van der Kamp. Le chœur de la société Bach des Pays-Bas et la Petite Bande complétaient la distribution.
La voici en deux vidéos, la première comprenant le Kyrie et le Gloria, la seconde, le Credo, Le Sanctus et l’Agnus Dei.
J.S.Bach – MESSE H-MOLL Ⅰ Leonhardt La Petite Band – YouTube
J.S.Bach – MESSE H-MOLL Ⅱ Leonhardt La Petite Band – YouTube
Retour aux cantates en 1986 avec le volume 38 et trois œuvres dirigées par Leonhardt. Certes, la cantate BWV 159 est très intéressante, ne serait-ce que parce qu’il s’agit de la dernière œuvre de musique sacrée créée avant la Passion selon saint Matthieu et que les références, tant textuelles que musicales avec l’univers de la Passion y sont nombreuses. Mais j’ai un grand faible pour Ich lasse dich nicht, du segnest mich denn ! (Je ne te lâcherai pas, que tu ne m’aies béni !) BWV 157, qui appartient au genre de la cantate funèbre, et qui eut deux destinations : l’une pour le service funéraire d’un conseiller de cour et juge à la cour d’appel, et jouée à cette occasion le 6 février 1727, l’autre inscrite dans le calendrier liturgique et destinée à la fête de la Purification en 1728. La voici par Kurt Equiluz, Max van Egmond, le Tölzer Knabenchor, le Collegium Vocale de Gand et le Leonhardt-Consort.
Bach – Cantate BWV 157 – Ich lasse dich nicht, du segnest mich denn! – YouTube
En 1987, deux nouveaux volumes des cantates sacrées étaient enregistrés. Dans le trente-neuvième, trois œuvres étaient réservées à Leonhardt. C’est Ihr, die ihr euch von Christo (Vous qui vous réclamez du Christ), BWV 164, que j’ai choisie. Cantate pour le 13ème dimanche après la Trinité, créée le 26 août 1725 et dont le texte s’appuie sur la parabole du bon Samaritain. L’air d’ouverture pour ténor est une merveille, sur son rythme de pastorale.
Bach – Cantate BWV 164 – Ihr, die ihr euch von Christo nennet – YouTube
Le volume 40 confiait deux cantates à Gustav Leonhardt. Les deux sont splendides mais ma préférence va à Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust (Agréable repos, vif désir de l’âme), BWV 170, dont nous avons déjà entendu l’air d’ouverture comme premier extrait du chapitre IV, avec Alfred Deller. Cette cantate, composée pour le sixième dimanche après la Trinité et créée le 26 juillet 1726, a plusieurs particularités : elle est l’une des trois destinées à un alto soliste, elle ne comporte ni chœur ni choral final. Et elle ne fait nullement référence aux Ecritures. Il semblerait que Bach ait laissé ce soin à l’autre cantate exécutée le même jour, de son cousin Johann Ludwig.
C’est ici Paul Esswood qui tient la partie soliste. La partie importante d’orgue dans le deuxième air est jouée par Bob van Asperen. Et c’est toujours le Leonhardt-Consort que l’on entend.
Bach – Cantate BWV 170 – Vergnügte Ruh’, beliebte Seelenlust – YouTube
En décembre 1987 et mars 1988, Leonhardt enregistrait pour Philips la reconstitution de possibles Vespri di San Giovanni Battista de Claudio Monteverdi (1577 – 1643) évoquées dans un récit de Huygens, suivant le travail de Frits Noske et Leonhardt lui-même. Ce disque n’est pas disponible dans son intégralité mais certains des psaumes les plus importants le sont séparément.
Les interprètes sont le Chorus Viennensis , les sopranos Mieke van der Sluis et Evelyn Tubb, la mezzo Guillemette Laurens, les contre-ténors Michael Chance et David James, les ténors Michiel Ten Houte De Lange et John Elwes, le baryton Jelle Draijer, la basse Harry van der Kamp, le chœur de chambre Néerlandais et l’ensemble Monteverdi d’Amsterdam.
Voici, successivement, le Dixit Dominus, le Confitebor Tibi, le Beatus Vir, le Laudate Pueri, le Laudate Dominum omnes gentes et le Magnificat.
Monteverdi: Dixit Dominus – YouTube
Monteverdi: Confitebor tibi – YouTube
Monteverdi: Beatus vir (Psalmus CXI) – from “I Vespri di S. Giovanni Battista” – YouTube
Monteverdi: Laudate pueri – YouTube
Monteverdi: Laudate Dominum omnes gentes – YouTube
Monteverdi: Magnificat – YouTube
Retour, en cette année 1988, à l’édition Kantatenwerk avec les volumes 41 et 42. Du premier, je retiens une courte cantate, Es ist ein trotzigund versagt Ding, BWV 176, composée pour le jour de la Trinité, le 27 mai 1725, sur un livret de Mariane von Ziegler, éminente poétesse de Leipzig. Une fugue assez austère introduit immédiatement l’œuvre, sans intermède orchestral, à laquelle s’oppose les deux airs dansants, respectivement pour soprano et basse.
Le jeune Mattias Echternach, Paul Esswood et Max van Egmond sont les solistes, accompagnés par le Hannover Knabenchor, le Collegium Vocale de Gand et le Leonhardt-Consort.
Bach – Cantate BWV 176 – Es ist ein trotzig und verzagt Ding – YouTube
Dans le volume 42, sur les trois cantates dirigées par Leonhardt, c’est sur la BWV 180, Schmücke dich, o liebe Seele (Pare-toi, chère âme), que mon choix s’est porté. Œuvre créée le 22 octobre 1724 pour le 20ème dimanche après la Trinité et qui introduit un violoncelle piccolo (ici, Anner Bylsma) dans l’arioso de la partie de soprano. Cette cantate illustre la parabole de l’invitation des pauvres au grand repas, d’où l’utilisation de divers éléments de Tafelmusik (musique de table) avec ces éléments empruntés au monde de la danse : gigue dans le chœur d’entrée, bourrée dans l’aria de ténor, polonaise dans l’air de soprano. C’est le jeune Jan Patrick O’Farrell qui accompagne le trio habituel Esswood/Equiluz/van Egmond, le Hannover Knabenchor, le Collegium Vocale de Gand et le Leonhardt-Consort.
Bach – Cantate BWV 180 – Schmücke dich, o liebe Seele – YouTube
A la fin de l’année 1988, Gustav Leonhardt débutait une courte collaboration avec le label Virgin Classics, avec deux disques consacrés à Carl Philipp Emanuel Bach (1714 – 1788). Le premier regroupait 3 concertos pour violoncelle et orchestre (numérotés 170, 171 et 172 au catalogue Wotquenne), composés au début des années 1750 et dont on connait aussi une version pour clavecin sans que l’on sache laquelle est l’originale. Le soliste était Anner Bylsma et l’orchestre, celui dénommé Orchestra of the Age of Enlightenment. Une chaîne YouTube permet d’accéder à ces trois œuvres dans leur intégralité et dans le bon ordre des mouvements. Voici le lien permettant de les écouter.
Cello Concerto No. 1 in A Minor, Wq. 170: I. Allegro assai – YouTube
L’autre disque consacré à C.P.E. Bach regroupait les quatre symphonies Wq. 183 et la Wq. 182 n° 5. Leonhardt y dirigeait le même Orchestra of the Age of Enlightenment.
Voici la Symphonie en ré majeur Wq. 183 n° 1.
C.P.E. Bach – Symphony In D Major Wq. 183/1 – YouTube
Puis la Symphonie en mi bémol majeur Wq. 183 n° 2.
C.P.E. Bach – Symphony In E-flat Major Wq. 183/2 – YouTube
Suivie de la Symphonie en fa majeur Wq. 183 n° 3.
C.P.E. Bach – Symphony In F Major Wq. 183/3 – YouTube
Et de la Symphonie en sol majeur Wq. 183 n° 4.
C.P.E. Bach – Symphony In G Major Wq. 183/4 – YouTube
Et, enfin, la Symphonie pour cordes en si mineur Wq. 182 n° 5.
C.P.E. Bach – Symphony For Strings in B Minor Wq. 182/5 – YouTube
Le grand événement discographique de l’année 1989 fut l’enregistrement, pour DHM, de la Matthäus – Passion BWV 244 de Johann Sebastian Bach. Autour de cette captation référentielle, réalisée à Haarlem aux Pays-Bas, au moins deux concerts furent donnés dont le souvenir nous est conservé. L’un filmé à Anvers, sous la direction de Sigiswald Kuijken, et l’autre, sous la direction de Leonhardt, en la basilique Sainte-Clotilde de Paris, le 10 mars. La version « officielle » n’est disponible qu’en morceaux séparés, mais ce concert parisien, auquel j’eus le bonheur d’assister, a été capté par France Musique, et rendu disponible grâce à un internaute qui n’a que le tort de ne rien mentionner de la distribution, ni du fait qu’il ne s’agit pas des disques DHM. Mais, pour avoir écouté plusieurs fois cet enregistrement, tout en comparant avec la version officielle, aucun doute n’est possible. Le tempo adopté par Leonhardt est d’ailleurs un peu plus rapide que celui des disques officiels. Il s’agit donc là du seul enregistrement live que ce feuilleton vous aura proposé en cette année commémorative.
Je supplée aux manques de cette vidéo en donnant la distribution : Christoph Prégardien en Evangéliste, Max van Egmond en Jésus, les deux solistes du Tölzer Knabenchor (Christian Fliegner et Maximilian Kiener), René Jacobs pour les airs d’alto, John Elwes (ténor), Klaus Mertens et Peter Lika (basses). Le Tölzer Knabenchor et la Petite Bande complètent cette version historique sur tous les plans.
Bach Matthew Passion Leonhardt – jhs – YouTube
Les trois derniers volumes de l’intégrale des cantates sacrées chez Teldec étaient également enregistrés en 1989. La participation de Gustav Leonhardt y fut assez minime puisque seulement quatre cantates lui furent allouées.
Dans le volume 43, c’est Es wartet alles auf dich (Tous attendent de toi) BWV 187 que Leonhardt dirigea. Œuvre typique de l’année 1726 (en l’occurrence, pour le 7ème dimanche après la Trinité), avec ses deux parties. A noter que plusieurs morceaux trouvèrent place dans la Messe en sol mineur BWV 235. Le jeune Michael Emmermann accompagne Paul Esswood et Max van Egmond. Le Hannover Knabenchor, le Collegium Vocale de Gand et le Leonhardt-Consort complètent la distribution.
Bach – Cantate BWV 187 – Es wartet alles auf dich – YouTube
Pour le volume 44, c’est la cantate Dem Gerechten muss das Licht immer wieder aufgehen (La lumière se lève pour le juste) BWV 195 qu’enregistra Leonhardt. Œuvre dont on pense qu’elle ne nous est parvenue que partiellement. Il s’agit d’une cantate nuptiale composée en septembre 1741 et dont les particularités sont de ne comporter qu’un seul air et un chœur d’entrée partageant solistes et ripiénistes, comme dans le numéro 5. Distribution nouvelle concernant les solistes : nous retrouvons le jeune Jan Patrick O’Farrell, mais avec René Jacobs, John Elwes et Harry van der Kamp. Chœurs et ensemble instrumental inchangés.
Bach – Cantate BWV 195 – Dem Gerechten muß das Licht immer wieder aufgehen – YouTube
Pour l’ultime volume de ce monument discographique, c’est la cantate BWV 198, Lass, Fürstin, lass noch einen Strahl (Princesse, laissez encore un rayon) que j’ai choisie. Œuvre à part dans ce corpus car n’appartenant pas au genre de la cantate liturgique, mais étant une ode funèbre destinée à la défunte Christiane Eberhardine, duchesse de Saxe et reine de Pologne qui, contrairement à son époux, ne renia jamais sa foi luthérienne. La cantate fut créée en l’église Saint Paul, intégrée à l’Université de Leipzig. Les interprètes sont exactement les mêmes que ceux que la cantate BWV 195.
Bach – Cantate BWV 198 – Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl – YouTube
Après avoir tourné la page des cantates sacrées de Bach, Leonhardt revenait aux cantates profanes, avec un disque Philips enregistré en décembre 1990, incluant les BWV 205, Der Zufriedengestellte Äolus (Eole apaisé) et 214, Tönet, ihr Pauken ! Erschallet, Trompeten ! (Frappez sur vos timbales ! Sonnez trompettes). La première, créée le 3 août 1725, fut composée à la demande des étudiants de l’université de Leipzig pour fêter musicalement l’anniversaire d’un de leurs professeurs, August Friedrich Müller (O tempora, o mores). La seconde fut donnée le 8 décembre 1733 à l’occasion de l’anniversaire de Maria Josepha, épouse d’Auguste III, et reine de Pologne. Plusieurs morceaux de cette cantate BWV 214 furent ensuite transférés dans l’Oratorio de Noël, dont le chœur d’ouverture.
Ces deux œuvres sont disponibles sur la même chaîne YouTube. Il suffit de cliquer sur le lien suivant et tous les mouvements vont suivre dans l’ordre.
Les interprètes en sont Mieke van der Sluis (soprano), René Jacobs (alto), Christoph Prégardien (ténor), David Thomas (basse), l’orchestre et le chœur of The Age of Enlightenment.
Changement de répertoire avec un disque réalisé pour Philips en 1991 avec le même Orchestra of The Age of Enlightenment : la Suite des Paladins de Jean-Philippe Rameau. L’enregistrement n’est malheureusement disponible que par mouvements séparés. J’en ai retenu les plus longs ou intéressants : dix au total : l’Ouverture, l’Entrée des Pèlerins, l’Air de furie, Sarabande, Menuet en Rondeau I et II, l’Entrée très gaye des Troubadours, Loure, Gigue vive, Air très gay, Entrée des Paladine et ensuite Paladins.
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 1. Ouverture très vite – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 4. Entrée des Pèlerins – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 7. Air de furie – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 8. Sarabande – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 9. Menuet en rondeau I-II – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 10. Entrée très gaye des Troubadours – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 16. Loure – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 17. Gigue vive – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 20. Air très gay – YouTube
Rameau: Suite Les Paladins, RCT 51 – 21. Entrées des Paladines et ensuite Paladins – YouTube
Toujours en 1991, mais cette fois pour la label Virgin Classics, Leonhardt mobilisait à nouveau The Choir and the Orchestra of The Age of Enlightenment pour l’enregistrement de trois Odes composées par Henry Purcell à l’occasion des anniversaires de la reine Mary : Now does the glorious day appear (1689), Love’s goddess sure was blind (1692) et Come ye sons of art away (1694). Les solistes vocaux étaient Julia Gooding, James Bowman, Christopher Robson, Howard Crook, Michael George et David Wilson – Johnson. Ces œuvres sont disponibles quasi intégralement sur une seule chaîne YouTube, à l’exclusion de la Sinfonia de la première Ode, dont j’ai ajouté le lien spécifique :
Now Does the Glorious Day Appear, Z. 332 “Ode for Queen Mary’s Birthday”: No. 1, Sinfonia – YouTube
Et voici celui conduisant à l’écoute du reste de cette ode et des deux autres dans leur intégralité :
En 1992, retour chez DHM avec un disque original quant à son contenu mais qui m’a posé quelques problèmes pour vous en rendre compte, tant sa disponibilité sur YouTube est dispersée. Le nom de Francesc Valls (1665 – 1747) est relativement méconnu. Compositeur catalan, il passe pour être l’un des théoriciens de la musique baroque de la côte méditerranéenne espagnole (de Barcelone à Valence). Auteur d’une œuvre essentiellement religieuse, sa Missa Scala Aretina date de 1702. Face à la dispersion des mouvements sur ma chaine de référence, j’ai été contraint de faire des choix et de ne vous proposer que des extraits, à savoir, le Kyrie et le début du Gloria, puis le Sanctus et, enfin l’Agnus Dei.
Les interprètes en sont Sandrine Piau et Mieke van der Sluis (sopranos), Bouke Lettinga et David Cordier (altos), John Elwes (ténor), Harry van der Kamp (basse), le chœur et l’orchestre de la Société Bach des Pays-Bas.
Francesc Valls-Missa Scala Aretina – YouTube
Francesc Valls-Missa Scala Aretina – YouTube
Missa Scala Aretina: XVI. Agnus dei, qui tollis – YouTube
L’autre œuvre au programme de ce disque était le Requiem en fa mineur de Heinrich Isaac von Biber (1644 – 1704), composé vers 1692. Disponibilité dispersée là aussi, mais les mouvements sont moins nombreux. C’est donc l’intégralité de ce Requiem que je vous propose en quatre liens (Requiem et Dies Irae, Domine Jesu Christe, Sanctus, Agnus Dei). Mêmes interprètes que pour la messe de Valls.
Biber-Requiem in F minor-Leonhardt – YouTube
Requiem in F Minor, C 8: III. Domine Jesu Christe (Offertorium) – YouTube
Requiem in F Minor, C 8: IV. Sanctus – YouTube
Requiem in F Minor, C 8: V. Agnus Dei – YouTube
En avril 1993, c’est à Londres que Gustav Leonhardt enregistrait, pour le label Philips, l’Oratorio de Pâques BWV 249 et l’Oratorio de l’Ascension BWV 11, malencontreusement classé au sein des cantates, de Johann Sebastian Bach. On sait que le premier nommé eut une histoire mouvementée : d’abord cantate profane pour l’anniversaire du duc Christian de Saxe-Weissenfels (en février 1725) sous le numéro BWV 249a, puis transformée en cantate liturgique deux mois plus tard, à l’occasion de la fête de Pâques ; puis nouveau retour au profane en 1726 pour l’anniversaire du comte von Flemming (BWV 249b) ; et enfin revue comme cantate sacrée entre 1732 et 1735 pour connaître son ultime mouture après 1740.
L’Oratorio de l’Ascension connut une histoire plus simple mais est aussi constitué de morceaux provenant d’œuvres antérieures ou qui seront repris et amplifiés plus tard (comme l’air d’alto que l’on retrouvera dans l’Agnus Dei de la Messe en si mineur). Il fut créé le 19 mai 1735.
Une chaîne bienvenue permet d’entendre les deux oratorios dans leur intégralité. Les interprètes sont Monika Frimmer, Ralf Popken, Christoph Prégardien, David Wilson-Johnson, et the Choir and Orchestra of the Age of Enlightenment.
J.S. Bach: Kommt, eilet und laufet (Easter Oratorio) , BWV 249 – 1. Sinfonia – YouTube
Nous allons jouer un tout petit peu avec la chronologie pour les derniers disques de ce chapitre, afin de regrouper une série de cantates profanes de Bach. Avant d’aborder ces œuvres, parlons d’un disque enregistré en 1994 pour Sony Vivarte et consacré principalement à un florilège d’anthems et d’hymnes de Henry Purcell. Ce disque est disponible dans son intégralité et bien minuté. Voici donc successivement : Rejoice in the Lord always (vers 1682 – 1685) (Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur !), 3 Voluntaries pour orgue de Matthew Locke (joués par Siebe Henstra), Praise the Lord, O Jerusalem (1689) (Jérusalem, fais l’éloge du Seigneur), Awake and with Attention hear (1681) (Eveillez-vous et écoutez avec attention), O Praise God in his holiness (vers 1682 – 1685) ( O loue Dieu dans sa sainteté), Thou wakeful sheperd (1688) (Toi, berger éveillé), Now that the sun hath veiled his light (1688) (Maintenant que le soleil a voilé sa lumière), My beloved spake (1677) (Mon Bien-aimé a parlé), deux Versets anonymes pour orgue, et In Thee, O Lord, Do I put my trust (1682) (En toi, ô Seigneur, je mets ma confiance).
Les interprètes sont David Cordier (contre-ténor), John Elwes (ténor), Peter Kooy et Harry van der Kamp (basses), le Tölzer Knabenchor et un ensemble instrumental non nommé.
En cette même année 1994, Gustav Leonhardt enregistrait pour la dernière fois chez DHM, label qui a tant compté pour lui et sa renommée discographique depuis le début des années 1960. Ce disque comportait deux œuvres peu connues. Le Requiem à 15 en la majeur (à ne pas confondre avec celui en fa mineur partagé ci-dessus) fut composé par Biber en 1687 pour six solistes, chœur, orgue et orchestre. Il suit l’ordinaire de la messe catholique pour les offices funéraires. Les solistes de cet enregistrement magnifique étaient Marta Almajano et Mieke van der Sluis (sopranos), John Elwes et Mark Padmore (ténors), Frans Huijts (baryton) et Harry van de Kamp (basse). Leonhardt dirigeait le chœur et l’orchestre de la Société Bach des Pays-Bas.
H I F Biber “Requiem à 15 in A major” Gustav Leonhardt – YouTube
Le seconde œuvre au programme de ce CD était le Stabat Mater d’Agostino Steffani (1654 – 1728), compositeur que le musicologue Alfred Einstein considérait comme le plus important que l’Italie ait produit entre Carissimi et Domenico Scarlatti. Personnage ayant été prêtre, diplomate et musicien, originaire de Vénétie mais ayant rempli différentes fonctions à Munich, Bruxelles, Hanovre et Düsseldorf, avant Rome à la fin de sa vie. Le Stabat Mater est sa dernière composition. Mêmes interprètes que pour le Requiem de Biber.
Comme indiqué précédemment, nous terminerons ce long et très riche chapitre avec quatre disques consacrés à des cantates profanes de Johann Sebastian Bach, trois réalisés pour le label Philips Classics en 1994, 1995 et 1996, et un pour Alpha en 2007.
On sait que la Cantate du Café, BWV 211, est née de la mode née au sein de la bourgeoisie de Leipzig, et particulièrement dans la population féminine, de consommer cette boisson. Des maisons spécialisées naquirent dont le fameux Café Zimmermann. Bach conçoit cette œuvre comme un petit opera buffa. La jeune Liesgen affronte son père qui tente de lui interdire de boire du café. Elle accepte en rusant et en faisant mentionner dans son contrat de mariage que son mari ne pourra pas perpétuer cette interdiction. Dans ce disque, Liesgen est Barbara Bonney, le père Schlendrian, David Wilson-Johnson, et le conteur, Christoph Prégardien. Et nous retrouvons les forces chorales et instrumentales de The Age of Enlightenment.
La cantate Hercules auf dem Scheidewege BWV 213 (Hercule à la croisée des chemins), fut destinée à l’anniversaire du jeune (11 ans) prince-électeur Christoph-Friedrich. Toute la musique de cette composition fut réutilisée dans l’Oratorio de Noël. Ralf Popken est Hercule, David Wilson-Johnson, Mercure, Barbara Bonney, la Volupté, et Christoph Prégardien, la Vertu. Même ensemble choral et instrumental. Et, pour écouter ces deux cantates, une chaîne fort judicieuse.
Ces deux cantates sont disponibles sur une seule chaîne YouTube. Bonne écoute !
En 1995, c’est aux cantates BWV 201 et 173a que Gustav Leonhardt s’attaquait. Le première, Der Streit zwischen Phoebus und Pan (Le différend entre Phébus et Pan), fut sans doute la première œuvre exécutée au Café Zimmermann en 1729. Le texte du librettiste, Picander, est emprunté aux Métamorphoses d’Ovide. 6 personnages apparaissent : Momus (Monika Frimmer, soprano), Mercure (Ralf Popken, alto), Tmole (Christoph Prégardien, ténor), Midas (John Elwes, ténor), Phébus (Max van Egmond, basse), et Pan (David Wilson-Johnson, basse).
La cantate BWV 173a, plus courte, est la première mouture d’une œuvre qui sera reprise en mai 1724 comme cantate sacrée. C’est une sérénade destinée à célébrer l’anniversaire du prince Léopold von Anhalt-Köthen. On y retrouve Monika Frimmer, David Wilson-Johnson et les forces de The Age of Enlightenment.
Là encore, une chaîne permet d’entendre les deux œuvres dans leur continuité.
En 1996, ce sont les cantates BWV 215 et 208 qui étaient au programme du dernier disque enregistré pour Philips Classics. C’est pour une visite improvisée de la famille royale de Saxe à Leipzig, le 2 octobre 1734, que Bach composa la BWV 215, Preise dein Glücke, gesegnetes Sachsen (Félicite-toi de ta chance, bienheureuse Saxe). Œuvre de circonstance et de louange à l’adresse d’Auguste III qui venait d’être couronné roi de Pologne. Dans la précipitation, le compositeur réutilisa des pièces antérieures, souvent perdues depuis, et réemployées plus tard (chœur initial dans l’Hosanna de la Messe en si, dernière aria de soprano dans l’Oratorio de Noël). Monika Frimmer, John Elwes et David Wilson-Johnson sont les solistes de cette cantate.
Celle cataloguée BWV 208, dite Jagdkantate (cantate de la chasse), est une œuvre antérieure créée le 23 décembre 1713 pour l’anniversaire du duc Christian de Saxe-Weissenfels. Pièce de circonstance encore, Diane, Palès, Endymion et Pan venant chacun leur tour chanter leurs louanges. Monika Frimmer, Lynne Dawson, John Elwes et David Wilson-Johnson (dans l’ordre des personnages) sont secondés par les forces chorales et instrumentales de The Age of Enlightenment.
Là encore, une heureuse chaîne nous fait profiter de la continuité des deux cantates.
Je dois rectifier une erreur commise à la fin du chapitre X. Si le disque Forqueray est paru après le CD dont nous allons parler maintenant, il a été enregistré en 2005 et n’est donc pas le dernier puisque c’est chez Alpha, en mai 2007, en l’abbaye Saint-Michel-en Thiérache, que Leonhardt allait tirer sa révérence discographique.
Nouveau disque de cantates profanes de Bach avec celle cataloguée BWV 30a, Angenehmes Wiederau, freue dich (Agréable Wiederau, réjouis-toi), célébration de la prise de possession de la terre de Wiederau par le comte von Hennicke, personnage dont l’honnêteté était plus que sujette à caution. Cette œuvre fut parodiée ensuite et rendue au domaine sacré dans sa version BWV 30, pour une fête de saint Jean-Baptiste.
La cantate BWV 207, Vereinigte Zwietracht der wechselnden Saiten (Union discordante des cordes) fut créée le 11 décembre 1729 à la demande des étudiants de Leipzig qui souhaitaient marquer ainsi la nomination d’un nouveau professeur nommé Gottlieb Kortte. Deux des mouvements, dont le chœur d’entrée, font appel à des extraits du troisième Concerto brandebourgeois. Le discours moralisateur du texte est confié à quatre allégories : la Fortune (Monika Frimmer), la Reconnaissance (Robin Blaze), le Zèle (Markus Schäfer) et l’Honneur (Stephan MacLeod). Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles et le Café Zimmermann se joignent à Gustav Leonhardt pour cet adieu au disque. Là encore, heureuse chaine YouTube qui offre l’intégralité de ces deux cantates.