Pierre Gallon, clavecin
Novembre 1652. Le célèbre luthiste parisien Charles Fleury, sieur de Blancrocher vient de mourir. Pour lui rendre un dernier hommage, ses amis Froberger, Couperin, Gaultier-le-Jeune et Dufaut se réunissent et évoquent les soirées musicales passées ensemble à son domicile, où il aimait recevoir les artistes de passage. Rencontre imaginaire, qui constitue le fil conducteur de ce concert.
Pour tout claveciniste distingué, le seul nom de Blancrocher évoque un monde de poésie imagée, descriptive, nostalgique voire pathétique. Il renvoie immédiatement aux deux somptueux « Tombeaux » – deux pièces majeures dans le répertoire de clavecin au XVIIe siècle – composés par Couperin et Froberger à la mémoire du luthiste parisien. Deux autres hommages en musique, moins connus des clavecinistes, lui sont également dédiés : deux pièces écrites pour le luth par François Dufaut et Denis Gaultier.
En France, depuis la Renaissance, le répertoire de luth a toujours été très lié à celui du clavecin. La polyphonie, la danse, les formes d’expression plus libres sont autant de terrains de jeu communs ; il n’est donc pas rare qu’un instrument « emprunte » à l’autre quelque pièce écrite pour son alter ego.
Pour le claveciniste Pierre Gallon, la musique est d’abord une aventure collective : celle qui le mène aujourd’hui encore à s’investir au sein d’ensembles de renom tels que Pygmalion (Raphaël Pichon), Le Poème Harmonique (Vincent Dumestre), Correspondances (Sébastien Daucé), Les Musiciens de Saint Julien (François Lazarevitch) ou encore le Caravansérail (Bertrand Cuiller). Mais cette aventure emprunte d’autres chemins tout aussi captivants lorsque Pierre explore l’immense répertoire soliste du clavecin depuis la Renaissance jusqu’à nos jours.
Le disque de ce programme vient de se voir décerner un Diapason d’Or ainsi qu’un ffff de Télérama.