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Les instruments

Piano Broadwood n°8403 (1821). Inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 29 février 2024

Provenance

Le piano est décrit dans les archives Broadwood comme un grand pianoforte « elegant », vendu 126 £, prix important pour l’époque. Il a été livré à Londres le 23 octobre 1821 à la firme Henckell & Du Boisson, spécialisée dans le commerce du sucre, au profit de le destinatrice Marie Victoire Pécoul (1774-1825) riche propriétaire de plantations sucrières à la Martinique. Le piano quitte Londres par la mer à destination de Bordeaux, puis à proximité de Pau, où résidaient ses enfants au château des Bernadets. Ce piano est un cadeau de mariage pour sa fille Eugénie Victoire Pécoul (1793-1890) mariée avec le baron Lysis-Pierre de Laussat (1793-1884), fils du baron Pierre-Clément de Laussat (1736-1835), membre du parlement et préfet de la Martinique, chargé par Napoléon 1er de transférer la Louisiane aux Etats-Unis. Ce dernier meurt au château des Bernadets. Le piano est acheté à Pau par un antiquaire d’Amiens, dans le cadre d’une succession. Il n’a visiblement pas quitté cette ville depuis 1821. Acquis par l’Académie Bach en 2022, avec le soutien de donateurs privés.

Broadwood et Beethoven

Dans l’histoire de la facture du piano, cet instrument est fondamental en raison du rapport entre Broadwood et Beethoven. Ce dernier posséda un piano identique à celui de l’Académie Bach.

Lors d’un voyage en Europe en août 1817, Thomas Broadwood rencontre Beethoven plusieurs fois, y compris chez lui, où ce dernier jouera pour lui. A son retour à Londres, Thomas Broadwood écrit à Beethoven pour le prévenir de l’envoi de cet instrument. Beethoven fut extrêmement heureux de cet instrument, ce qui transparaît dans sa réponse. Le piano envoyé à Beethoven est identique à celui de l’Académie Bach (8304), un grand 6 octaves fabriqué en 1817.

Une inscription supplémentaire se trouve sur le piano de Beethoven : Hoc instrumentum est Thomae Broadwood Londini donum propter ingenium illustrissimi Beethoven. Les noms de 5 pianistes ayant voulu s’associer à ce geste y figurent : Kalkbrenner, Ries, Ferrari, Cramer et Knyvett.

Il n’y a pas de traces indiquant que Beethoven envoya à Broadwood les fruits de son travail comme il l’indique dans sa lettre. Cependant, à l’été 1818, il est dans la composition des op. 109, 110, 111, ses dernières sonates, œuvres majeures directement reliées à ce piano.

A la mort de Beethoven le piano fut vendu à un marchand du nom de Spina pour terminer chez Franz Liszt, qui le garda dans sa bibliothèque à Weimar. L’instrument est aujourd’hui au Musée National de Budapest, restauré par David Winston.

Broadwood dans les collections françaises

Ce type de piano est extrêmement rare.

Le musée de la Musique à Paris possède un piano n°9145, plus tardif, 1824, de 6 octaves ½ et qui ne correspond pas réellement à celui de Beethoven. De plus, l’instrument a été repeint au XX° siècle, dénaturant ainsi le mobilier. Il n’y a pas d’instrument identique à celui de l’Académie Bach dans les collections publiques en France.

Données techniques :

  • numéro de série : 8403
  • dimensions : longueur 250 cm / largeur 117,5 cm / hauteur 29,5 cm
  • clavier de 73 notes (do – do), ivoire et ébène
  • la = 395 Hz
  • 2 pédales en bois. Una Corda à gauche, pédale Forte à droite, divisée en deux parties
  • caisse en acajou et palissandre
  • incrustations en laiton
  • état : à restaurer
  • protection : inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 2024

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