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Les instruments

Orgue de jubé de l'église d'Arques-la-Bataille (1997)

C’est sans doute dans le Dictionnaire d’architecture de Viollet-le-Duc, à l’article « Buffet d’orgues », qu’on trouve la plus étonnante mention d’une présence d’orgues sur un jubé : il cite en effet un document fort curieux sur la donation faite à une confrérie par Bernard de Rosergio, archevêque de Toulouse, d’un orgue daté de 1463. Il résulte de cette pièce que cinq orgues furent placées sur le jubé dans l’ordre suivant : un grand orgue s’élevait au milieu, derrière un petit orgue disposé comme l’est actuellement le positif ; un autre orgue, de petite dimension était placé en haut du grand buffet et surmonté d’un ange ; à droite et à gauche du jubé se trouvaient deux autres orgues, dont deux confréries étaient autorisées à se servir, tandis que l’usage des trois premiers était exclusivement réservé au chapitre. Les cinq instruments pouvaient résonner ensemble à la volonté de l’archevêque.

Les jubés sont aujourd’hui devenus très rares (une trentaine en France). Pourtant, du XIIIe au XVIe siècle, un très grand nombre d’églises étaient dotées de cette séparation entre le choeur et la nef. Les cathédrales de Paris, Sens, Amiens, Rouen, Bourges, Chartres ou Reims en possédaient. Parmi les plus remarquables qui soient conservés, on citera ceux de Saint-Florentin, d’Albi, de Sainte- Madeleine à Troyes, de Saint-Pierre à Strasbourg, de Saint-Fiacre au Faouët, de Saint-Étienne du Mont à Paris. La plupart de ces jubés ont été supprimés au XVIIe siècle dans le cadre de la Contre-Réforme initiée par le Concile de Trente. Celui d’Arques-la-Bataille n’a heureusement pas été victime de cette disgrâce.

Son ordonnance est tout à fait typique : galerie supérieure accessible par un escalier, arcades dans la partie inférieure, lesquelles n’étaient pas ouvertes comme aujourd’hui mais fermées par des retables et une porte centrale. Cette pratique, si répandue, de clôture intégrale du choeur des églises dénote des pratiques liturgiques qui nous surprennent aujourd’hui : de l’office, le laïc ne recevait que quelques lectures ou prédications faites à son intention du haut du jubé.

Les chantres, maîtrises et instrumentistes prirent très souvent possession de cette galerie : c’était en effet une tribune idéale à bien des égards, et c’est à la fin du XVe siècle que l’on édifia sur ces jubés des orgues de taille importante. On peut même dire qu’il y eut un vrai mouvement de mode en ce sens. On n’hésitait pas alors à déplacer et reconstruire sur le jubé les instruments médiévaux installés en fond de nef. À Rouen, l’archevêque Georges d’Amboise confia en 1512 au facteur Ponthus Josseline l’édification, sur le jubé de sa cathédrale, d’un instrument pourvu d’un riche décor azur et or. Il en fut de même à l’église Saint-Maclou de Rouen, à la cathédrale d’Angers, à Saint-Étienne de Dijon, à Albi, Troyes, Metz, Chartres, Reims…

La présence d’un orgue dans l’église d’Arques-la- Bataille est attestée depuis la fin du XVIe siècle. Les registres de la fabrique mentionnent son achat en 1585, et les gages des organistes et souffleurs tout au long des XVIIe et XVIIIe siécles. Plusieurs graffiti témoignent de la présence de cet instrument sur le jubé. Un relevé de géomètre établi en 1822 mentionne « qu’avant la dernière révolution, sur ce jubé, était un jeu d’orgues ».

L’instrument qui s’y trouve aujourd’hui joue un rôle de première importance dans la démarche artistique de l’Académie Bach, et fut même la motivation première des créateurs de celle-ci. Pleinement intégré dans une démarche globale, tant instrumentale que vocale, il échappe à cet isolement qui confine trop souvent l’écoute du répertoire d’orgue à un public spécialisé.

Construit par le facteur Michel Giroud en 1997, il est doté de 21 jeux répartis sur trois claviers et pédalier, avec la composition suivante :

Madame, Monsieur, Chers Amis,

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